Les injonctions paradoxales : quand le “Fais ce que je te dis” devient impossible
- caudibert91
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C’est comme avancer avec une boussole qui pointe deux directions opposées. Chaque pas devient incertain, chaque choix semble voué à l’échec.
Voilà ce que provoquent les injonctions paradoxales : ces phrases où deux messages contradictoires se superposent et laissent celui qui les reçoit sans issue.
« Sois spontané. »
« Ne sois pas stressé. »
« Fais-toi confiance, mais fais comme je te dis. »
Autant de formules qui créent un piège invisible : quoi que vous fassiez, vous aurez l’impression d’avoir mal agi...
Qu’est-ce qu’une injonction paradoxale ?
Le terme vient de la psychologie et de la communication systémique. Une injonction paradoxale survient lorsqu’une personne reçoit deux ordres incompatibles, souvent émis par une figure d’autorité ou une relation affective importante, et qu’elle ne peut échapper à la situation.
Chaque option mène à une faute, à une déception ou à une culpabilité. Résultat : la confusion s’installe, et la personne apprend à douter d’elle-même.
Des exemples du quotidien
Ces paradoxes ne concernent pas que la théorie : ils sont partout, parfois même dans les intentions les plus bienveillantes.
Un parent dit à son enfant : « Sois toi-même », mais critique dès qu’il exprime une émotion authentique.
Un supérieur demande à son employé : « Prends des initiatives », puis le reprend dès qu’il agit sans demander.
Un partenaire dit : « J’aimerais que tu sois plus proche », mais se ferme quand l’autre tente de l’être.
Dans chacun de ces cas, l’autre n’a plus de repère clair : quoi qu’il fasse, il sera “en tort”.
L’injonction paradoxale dans l’enfance : quand aimer et obéir s’opposent
L’impact est particulièrement fort lorsque ces contradictions viennent des figures parentales. L’enfant, pris entre le besoin d’amour et le besoin d’authenticité, choisit souvent de se conformer… au détriment de lui-même.
Ces messages ambigus deviennent alors des schémas relationnels à l’âge adulte : difficulté à poser des limites, peur du rejet, besoin d’être parfait pour mériter l’amour.
Exemple : un parent dit « Je t’aime, mais tu me déçois », créant un message double où l’amour semble conditionné à la performance.
Les injonctions contradictoires dans le monde du travail
Les injonctions paradoxales, ou doubles contraintes, ne sont pas seulement présentes dans la vie personnelle : elles traversent aussi le monde du travail. On exige des collaborateurs qu’ils soient autonomes, tout en leur demandant de suivre des directives précises ; qu’ils soient créatifs, mais sans prendre de risques ; qu’ils soient disponibles, tout en préservant leur équilibre personnel.
Dans son dernier film, Un autre monde (2022), Vincent Lindon incarne un cadre épuisé, confronté aux ordres contradictoires de sa hiérarchie — ce qu’on appelle aussi une injonction paradoxale. On lui demande à la fois de préserver la dimension humaine de son équipe et de mener des licenciements massifs.
Ce conflit impossible envahit son couple, où la communication devient de plus en plus difficile. Écartelé entre ses valeurs personnelles et les exigences de son travail, il se coupe progressivement de sa femme, incapable de trouver une position claire.
C’est l’une des conséquences les plus fréquentes des injonctions paradoxales : elles créent une fracture intérieure qui finit par fragiliser le lien conjugal. Le partenaire peut ressentir à la fois de la distance, de l’incompréhension et un sentiment d’exclusion.
Les effets psychologiques du paradoxe
Vivre dans ce type de double contrainte engendre un conflit intérieur chronique.
À force, la personne :
Perd confiance en ses ressentis et ses décisions.
Se coupe de ses émotions pour éviter le malaise.
Développe une anxiété diffuse et un besoin excessif d’approbation.
Peut aller jusqu’à l’auto-contradiction : elle s’interdit d’être spontanée, par peur d’être jugée.
C’est comme vivre dans une pièce où les murs se rapprochent sans cesse : quelle que soit la direction prise, il n’y a pas d’issue satisfaisante.
Comment repérer une injonction paradoxale ?
Un bon repère : vous ressentez un malaise flou après une demande. Vous avez l’impression qu’aucune réponse n’est la bonne.
Posez-vous ces questions :
Suis-je libre de dire non ?
Est-ce que les mots et les actes de l’autre vont dans la même direction ?
Ai-je le sentiment d’être piégé, ou de devoir me justifier sans cesse ?
Si la réponse est oui, vous êtes sans doute face à une double contrainte relationnelle.
Comment s’en libérer ?
Le premier pas consiste à nommer le paradoxe. Le rendre conscient permet de rompre le cercle.
Ensuite :
Se recentrer sur ses besoins réels : que voulez-vous, vous ?
Rétablir la cohérence intérieure : vos émotions sont des repères fiables.
Poser des limites claires : apprendre à refuser une demande confuse sans culpabilité.
Chercher un espace neutre : une relation thérapeutique bienveillante permet de déconstruire ces schémas, souvent enracinés depuis l’enfance.
Approches thérapeutiques adaptées
Des pratiques comme l’hypnose, l’EFT, la PNL ou l’EMDR permettent de travailler sur les schémas paradoxaux intégrés, en libérant la mémoire émotionnelle associée à ces doubles contraintes.
Elles aident à reconstruire une sécurité intérieure, à réapprendre à faire confiance à ses ressentis, et à renouer avec une parole alignée.
Conclusion
Se libérer des injonctions paradoxales, c’est retrouver le droit d’être cohérent.
C’est ne plus chercher à correspondre à des attentes contradictoires, mais oser penser, ressentir et agir en accord avec soi-même.
Christel Audibert – Thérapeute certifiée en EFT clinique, PNL, EMDR, thérapie brève et hypnose, vous accompagne à Carpentras, Mazan et à distance pour décrypter les doubles messages qui brouillent votre équilibre émotionnel et restaurer la confiance en votre vérité intérieure.
